Dirk parle, parle. Les mots s’enchainent et son cœur est douloureux. Si douloureux.

Il parle, parle, lâche des phrases décousues et dépourvues de sens. Son âme se vide petit à petit. Il fini par dire, non pas sans avoir les larmes aux yeux – sans qu’elles ne puissent couler - :

« C’est terminé, Jake. »

Il arrête tout. Et quelque part, la détresse se mêle aux regrets, au soulagement. En voyant le visage de la personne qu’il aime, souriant et heureux, il n’arrive même pas à s’en vouloir de lui faire peut-être mal, puisque visiblement, ce n’est pas le cas.

Même pas.

~o~O~o~

« C’est terminé, Jake. »

Son cœur manque un battement. La joie partie au loin ; adieu bonheur, bonjour tristesse. Les mots résonnent douloureux, déraisonnent. Douloureux.

Le désespoir au fond de l’âme. Au fond de son être déchiré : mais il sourit tout de même. Il n’arrête pas de sourire, malgré cette envie de pleurer toutes les larmes de son corps, malgré cette envie, bien trop présente, qu’il a maintenant, sans comprendre le pouvoir du comment, cette envie qui s’éclate contre les parois de sa cage thoracique douloureuse de mourir. Il sourit et se sent idiot.

Dirk secoue la tête.

Jale a les larmes aux yeux mais rien ne coule. L’autre ne voit rien, lui-même trop occupé à ne pas pleurer. Et, en cet instant, le jeune homme a l’impression que son cœur est aussi mutilé que celui de la personne qu’il aime. Il a la bêtise d’aimer.

~o~O~o~

Bleu. Rose. Orange. Et bien d’autres couleurs.

Les larmes qui coulent le long des joues de Jake sont arc-en-ciel. C’est ironique. C’est stupide. Il voudrait le prendre dans ses bras et le rassurer, le consoler ; mais sa voix, toujours plus dure, résonne d’une autre façon, arrache un sanglot à l’autre :

« C’est fini, Jake. C’est terminé. J’arrête. J’arrête tout. »

Les sanglots continuent, bruyants. Dirk s’en veut, maintenant. La culpabilité, cette sale chienne.

Il le fixe. Le fixe, les yeux dans les yeux – lunettes dans les yeux, yeux dans les lunettes, pour être tout à fait honnête. Le blond – ou rouge, pour l’occasion - le regarde et veut pleurer à son tour mais le malheur et la rancune sont tenaces.

~o~O~o~

Jake sourit. Il sourit en reniflant. Sourit malgré les larmes, sourit parce qu’il ne peut rien faire d’autre, parce qu’il n’y a rien qu’il puisse faire d’autre.

Il a mal. Mal. Mal. Il ne peut rien exprimer d’autre. Rien dire d’autre.

Il fait moins de bruit ; les larmes coulent sans un son.

Il pleure, reste immobile et sourit.

« C’est terminé ?

-Terminé. »

Tout est fini. Terminé.

A jamais.