Un jeune homme (?) aux vêtements déchirés, tenant une image dans sa main. Posé sur sa planète de violet, il observe attentivement la photo. Sur celle-ci se trouve deux demoiselles, une blonde (?) en pyjama orange et au serre-tête et l'autre à la peau grise, ayant des cornes. Paraît-il que ces deux-là parlaient ensemble... mais, la photo est décoré par le signe de la relation rouge, celle que le bonhomme n'a jamais eu le droit de vivre. Certes, cette femme de Prospit lui plaisait bien... Mais cela fut compliqué.
Il approcha sa photo de son visage afin de l'embrasser, son sang commençant à colorer ses joues... l'envie lui empara de pouvoir user de son anatomie. Merde quoi. Cela devait être si bien. Si bien de pouvoir aimer et chérir une personne. Étrangement, ses lèvres s'approchèrent de la figure de la demoiselle en pyjama... Sa peau blanche lui rappela celle de son "flushed crush"...
[Merde. C'est indécent de ma part.]
Il s'arrêta. Il ferma sa main rapidement et froissa le bout de papier.
Si il ne pouvait pas vivre ça, il empêchera quiconque le faire.
Il partit et jeta son papier derrière lui.

Oui, c’est vous. Les autres se demandent sans doute comment vous vous êtes retrouvé dans cette situation, et ils auraient tout à fait raison. Remontons le temps pour mieux comprendre cette histoire.

Votre nom est Jack Noir. Les présentations ne sont pas nécessaires, on vous connaît. Nous avons été suffisamment stupides pour lire ce comic donc oui, nous vous connaissons. Et nous savons quel piètre enfoiré vous ferez- oh.

Non, ne me regardez pas comme ça. Je ne dirais rien de plus-

NON, JACK NOIR. LE FUTUR VOUS RESTERA INCONNU. C’est ainsi que vont les choses.

Vous voici ainsi, heureux et serin. Et lorsque je dis heureux j’aimerais que vous vous donniez la peine de sourire. Oui. Voilà. Comme ça.

Vous êtes resplendissant.

Vous vous tenez ainsi, droit et fier sur ce pont. Vous aimez ce pont. Vous aimeriez en jeter plus d’un de ce pont. Mais vous n’avez pas tellement l’autorisation. On vous a fait demander à la cour, vous ne savez pour quelle connerie.

Vous vous y dirigez, d’un pas fier. (Redressez-moi ces épaules, s’il vous plait.)

Vous marchez mais un dos vous bloque le chemin. Vous aimez les dos. Vous aimeriez en transpercer plus d’un mais- Jack. Dépêchez-vous.

Humble, vous tapotez ce très beau dos. Un sourire vous accueille.

Vous n’avez pas vraiment le temps de demander poliment quoique ce soit que l’on vous refile un carton dans les mains. Vous levez la tête. Vous baissez le regard sur le carton.

Vous tirez une de ces têtes...

Incertain, vous vous risquez à demander de « quel bordel il s’agit ». Poliment, toujours.

« C’est un cœur ! Et là, au milieu, c’est Rose et Kanaya ! Bon, on appelle ça du RoseMary par chez nous. C’est le souci des shipeurs, ça. A défaut d’écrire de bonnes fanfictions, ils font de beaux noms de ship. »

Vous n’avez pas la moindre idée de ce que cette salope est en train de baver.

Vous demandez ce que vous êtes censé faire.

« Un bisou. Pour la photo. Uhuh. »

Vous n’êtes pas sûr de- MAIS ON N’A PAS LE TEMPS POUR CA.

JACK. EMBRASSE LE ROSEMARY.

Vous- NON. ON N’A PAS LE TEMPS. FAIS CE QU’ELLE TE DIT.

Vous cherchez à répon- NON.

Vous commencez à vous éner- JACK.

EMBRASSE.

LE.

ROSEMARY.

Vous aviez encore le temps. Vous ne pouviez pas lutter, en revanche. Vous approchez vos lèvres du carton. Il est froid. Vous vous sentez stupide. Terriblement stupide.

Mais vous n’aviez pas eu le choix.

La nouvelle venait tout juste de tomber.

« ROSE LALONDE ET KANAYA MARYAM, LEUR AMOUR ENFIN DÉVOILÉ »

Une nouvelles qui non seulement faisait la une de la plupart des journaux, mais qui en plus avait fait coulé bien plus d’encre que nécessaire.
Jack empoigna les pages déjà bien abîmées de son journal volé un peu plus tôt, il n’en revenait pas. Peu de Dersistes misaient sur ce couple et lui-même ne l’avait pas cru quand il avait entendu la reine en parler le matin même.
«C’est affligeant » qu’elle disait cette mégère, mais qu’elle se mêle de ses affaires, ce couple était parfait et il le savait mieux que personne.  Il avait misé sur elles dés le début alors même que tout le monde voyait la jeune seer avec le Strider.
« Quel manque de bon gout » se dit-il en lorgnant sur la photo une nouvelle fois. « Cleub deuce me doit 20 dollars d’ailleur»

Les maisons d’éditions dersiennes avaient eu bien vite fait de comprendre que l’arrivée de ces humains dans leur continuum serait une source intarissable de revenu, les articles sur leurs aventures s’étaient multipliés au détriment de ceux que les nombreux meurtres perpétrés sur leur lune et qui n’intéressaient plus personne. Peut être le meurtre de l’un des leurs aurait-il encore plus d’impact ?

Jack se dit qu’il tenterait d’en assassiner un ou deux un de ces quatre, cela lui permettrait surement de tuer l’ennuie causée par la paperasse.
Mais ces deux là… Non, ce couple était trop parfait pour qu’il leur fasse quoi que ce soit, les gens pouvaient dire ce qu’ils veulent, leurs avis ne comptaient que peu de toute manière.

Il empoigna un peu plus fort le journal et se surpris à en embrasser l’image avant de bien vite se reprendre, ce ship était dangereux, il devrait faire attention à l’avenir.

En attenant, il les laisserait vivre.

Jack Noir faisait les cent pas dans son petit appartement en pestant. Sous le regard inquiet d'un de ses sous-fifres, il agitait les bras, grommelait et serrait les poings. Quel stupide créature avait eu l'idée d'installer un énorme spot au-dessus du trône de la Reine ?

Cette question était rhétorique bien évidemment. Il le SAVAIT. C'était sans aucun doute possible la Reine elle-même. Cette cruelle, sournoise et insupportable Reine. Il voyait encore, comme dans un flash (ha ! c'est le cas de le dire), son sourire mauvais et satisfait posé sur lui, tout juste avant qu'il ne perde la vue -aveuglé par l'allumage soudain du spot géant.

Ce matin-là, il s'était rendu (à reculons, comme à chaque fois) à une audition avec la souveraine. Elle devait l'entretenir d'une affaire urgente -probablement encore un détail stupide du champ de bataille, s'était-il dit. Au moment où il s'était approché du trône et qu'il ouvrait la bouche pour présenter (ou plutôt cracher) ses hommages, le spot s'était allumé. Sa rétine n'avait que vaguement apprécié. Et voilà qu'il se retrouvait atteint d'une cécité temporaire.

Elle l'a fait exprès ! J'en suis sûr ! Jack agitait les bras de plus en plus vite. Lentement, son sbire s'approcha et prit la parole :

"Mmmmmmh. Est-ce que je pourrais faire quelque chose pour vous ?"

Il y eut un long silence. Jack tourna ses yeux aveugles vers son interlocuteur et ravala une réplique acerbe. Est-ce qu'il pouvait profiter de la situation pour tyranniser encore plus ses serviteurs ? Jack souriait jusqu'à des oreilles qu'il n'avait pas. Il réfléchit quelques temps, puis...puis il ne trouva rien. Pas d'idée. Il n'était pas capable de trouver l'inspiration pour mettre à mal les gens autour de lui. Il était juste... fatigué. D'une voix lasse, il répondit :

"À part si tu trouvais un moyen de me venger d'elle, tu ne peux rien faire."

Nouveau silence.

"Non, désolé. Mais j'ai une idée."

Le sous-fifre de Jack sortit de la pièce quelques minutes, puis revint dans un bruit de froissement de papier. Il fourra une feuille dans les mains de son supérieur.

"Vous devez accepter vos sentiments noirs pour elle. Si vous le faites, je suis sûr que vous vous sentirez mieux. C'est pour ça que je vous ai apporté un dessin d'elle."

Jack Noir le fixait, abasourdi. Lui, accepter quel que sentiment que ce soit ? LUI ? C'était complètement stupide. C'était... Attendez une minute. Un dessin de la reine. Pour lui. Qu'il pourrait afficher dans sa chambre. Sur laquelle il pourrait lancer des fléchettes. En voilà une bonne idée. En voilà une TRÈS bonne idée. Sans plus se soucier de son compère, il caressa le papier du bout des griffes. Le sbire sortit de la pièce discrètement et referma la porte derrière lui. Il se mit soudain à presser le pas et se dirigea vers une fenêtre un peu plus loin. De là, sans pouvoir être vu il put observer à travers la fenêtre de la chambre qu'il venait de quitter son supérieur en train de serrer la feuille contre lui. Il lui donna même un baiser.

Riant sous cape, il s'éloigna dans le dédale de couloirs, satisfait. Il serait sévèrement puni pour son action, mais ça en valait la peine. Là, contre son coeur, Jack serrait non pas un portrait de la Reine, mais le ship préféré du serviteur. Il en rirait encore avec ses collègues pendant des semaines.