La nuit avait déposé son drap d’ombres sur Alternia. Les trolls se réveillaient doucement sous les étoiles, les yeux humides. Il faisait beau, quoiqu’un peu frais… mais n’était-ce pas là une bonne excuse pour quelques câlins ? Pour partager une veste entre amoureux ? Glisser une légère mèche de cheveux derrière une oreille ? Ou bien-
Oh. Ainsi n’ai-je pas été suffisamment subtile.
Il est bien vrai que l’histoire que je vais te raconter, mon cher lecteur, comprend deux amoureux. Deux êtres que tout oppose et dont la race diffère.
L’un adore aider ses amis tandis que l’autre éprouve un engouement extrême à tuer des entités divines et innocentes. On dit du premier que son énergie n’a d’égal que sa générosité ; et il est dit du second qu’il préférait voir brûler femmes et enfants plutôt que d'avouer avoir déjà cru en la magie.
Rien n’aurait pu les rapprocher sinon…
« … et c’est en parlant avec Tavros que je me suis rendue compte que vous feriez de bons mate, tu comprends ? »
… non. Attendez.
« … alors toi aussi, tu aimes la compote ? »
Voilà qui est bien mieux.
Cette étrange purée de fruits terrienne qu’Eridan s’était une nuit risqué à goûter, avait su rapprocher nos deux tourtereaux. Etrangement, le goût lui plaisait, et les fruits étaient comme ces morceaux de lusus morts qu’il foulait parfois en se rendant chez Feferi. Un véritable délice en bouche que la nature avait été si généreuse de lui offrir.
« J’apprécie la compote », se risqua-t-il à répondre.
La belle, que ses lusus terriens avaient nommée Crazy, ne pouvait contenir sa joie en entendant ces mots exquis et saisit la main du jeune troll. Elle avait mis ses plus beaux atouts en valeur cette nuit-là en enfilant un distingué pyjama à l’apparence de pingouin ; et ses yeux que les partiels et animés avaient cernés avec le temps, ravissaient le cœur de notre bel Ampora.
« Je pense que… Nous devvrions manger plus de compote ensemble, Crazy. »
Elle n’y tenait plus. Eridan était si beau dans l’ombre de sa cape de velours. Les lunes se reflétaient dans les verres de ses lunettes lui donnant cet air si sombre et si mystérieux. Cette impression se renforçait lorsqu’il secouait sa tête avec grâce pour mieux y voir, comme nargué par un insecte ennuyeux.
Notre douce humaine caressa du pouce la main de son amant d’un soir. Elle percevait la moiteur de leurs paumes jointes et ressentait cela comme le plus beau des moments de sa vie. De son côté, Eridan ravalait un gémissement lorsqu’elle lui serrait trop amoureusement la main ; il croyait qu’il en perdrait le bras mais ne disait rien, car l’amour ne se dit pas : il se manifeste dans un silence énigmatique.
Crazy ôta avec charme sa capuche et déclara, de la plus savoureuse des voix :
« Franchement, on devrait trop voir Jojo’s Bizarre Adventure ensemble. »
Et dans un mouvement de lèvres sensuel, ajouta :
« Je suis sûre que tu adorerais… »
<------ To be continued