"J'ai hésité"
Hésité à l'approcher, hésité à lui parler. Une embrassade discrète,
discuter tout au plus. Je me serais surement pris un coup malgré
sa poitrine inexistante, mais j'ai l'habitude.
"J'ai hésité"
Hésité à le chasser, et même à le frapper. Il s'approchait je le tuais,
il s’éloignait je l'attrapais. Un baiser langoureux, peut être deux,
ses griffes plantées dans ma chaire et mes ongles dans la sienne.
J'ai hésité à l'aborder, elle et son insupportable mèche rebelle,
ses allures de hipster comme de ceux dont les goûts vestimentaires
demeurent inexistants, et par dessus toutes ses manies de nobles,
ces "Meh" sans aucun sens qu'elle prononçait à tout va.
J'ai hésité à l’entraîner dans cette confrontation comme de celles
qui n'ont aucun sens. Le blesser comme il me blesse si souvent,
l'insulter à demi-mots même si cela reste sa spécialité.
Et l'avoir tout à moi en cette mâtiné.
J'ai hésité à même l'appeler, ne serait-ce qu'un signe de la main,
quelques mots lancés de loin, lancés à elle seule. Elle, ou il d'ailleurs,
j'ai jamais su si c'était une fille ou un mec. Pas que j'en ai quelque
chose a foutre, mais ça en décevait tout de même exaspérant.
Comme un peu tout chez lui en fait.
Faiska ne m'en avait rien dit, je n'avais donc point a faire d'efforts
quand lui s'emportait pour des conneries. Le moindre sous entendu,
le moindre pique, si peu de retenu et si peu de charisme.
Son caractère de merde, ses taquineries incessantes et m'énervant
au plus au point. J'aurais pu l'insulter, j'ai hésité à le faire comme
il me prend si souvent. Des mots blessants, spontanés, aussitôt
renvoyés, une joute dont l'issue n'a que peu d'importance tant
qu'elle permet de la détruire petit a petit.
Je le voulais mort mais l'on ne meurt qu'une fois, alors j'ai hésité
à casser mon jouet préféré, ce lowblood si facilement remplaçable
et pourtant si unique, l'un des seuls à pouvoir me faire face.
Il ne m'a jamais mérité, et pourtant j'ai hésité.
J'ai hésité à lui casser sa grande gueule de highblood,
l'avoir a mes pieds, la voir tantôt lutter comme de ces
combats qui me ravissent tant, tantôt la voir me supplier
dans une de ces positions de faiblesse et de honte dont
nul ne saurait se venter ni même se souvenir.
Il n'y avait pas de quoi, je détestais tout chez lui.
Cette façon qu'il avait d'insérer ses fichus Motherfox dans
ses phrases, ces lunettes lui donnant un air hautain et
cette attitude à mon égard qui se voulait désagréable.
J'ai hésité à détruire tout ce qui me répugnait tant chez lui.
J'ai hésité à harponner ce poisson qui me filait si souvent entre
les pattes, ce troll exécrable et imbu de sa triste personne.
Elle me prenait de haut, je la rabaissais, et à ce moment précis,
j'aurais voulu la tuer.
Tout aurait pu s'arrêter.
Tout aurait pu déraper.
Mais j'ai longtemps hésité, et finalement, rien ne s'est passé.